Pourquoi l’assurance non-vie ne décolle-t-elle pas en Afrique ?

08/06/2021

Force est de constater que l’assurance non-vie ne décolle pas en Afrique : l’Afrique représente en effet environ 17% de la population mondiale (en augmentation), pour 3% du PIB mondial (chiffre sous-évalué par la méthode de calcul et en augmentation) et seulement 1% des primes d’assurances non-vie (chiffre stable). Les taux de pénétration sont les plus faibles au monde et la croissance passée des primes collectées est davantage proportionnelle à la croissance économique que due à une augmentation des taux de pénétration.

Or le développement de l’assurance est à la fois un marqueur et un moteur du développement économique et humain d’un pays. Les compagnies d’assurance représentent en effet une importante source de financement pour les économies, car elles investissent une grande partie des primes perçues auprès des assurés sur les marchés de capitaux ou immobiliers, pour s’assurer de leur solvabilité et de leur capacité à couvrir les sinistres, quels qu’ils soient. Les compagnies d’assurance non-vie font aussi partie de ces investisseurs institutionnels fondamentaux pour les écosystèmes, même si elles représentent une plus faible part que les assureurs vie ou les fonds de pension, les banques ou les institutions de financement du développement.

 

«  L’Afrique reste le second continent le plus prometteur en termes de potentiel de croissance de ses marchés d’assurance.
Et c’est sur ce continent que se situe la plus grosse réserve au monde de potentiel de croissance pour l’assurance. »

 

 

Pourtant malgré ce cercle vicieux (peu d’assurance pour financer la croissance économique et une activité d’assurance non-vie pourtant tirée par cette même croissance économique), l’Afrique reste, derrière l’Amérique Latine mais devant l’Asie, le second continent le plus prometteur en termes de potentiel de croissance de ses marchés d’assurance.

Et c’est sur ce continent que se situe la plus grosse réserve au monde de potentiel de croissance pour l’assurance.

Les raisons qui expliquent la faiblesse du taux de pénétration sont multiples, et beaucoup ne relèvent pas de notre champ de compétences direct (politiques, culturelles et économiques). C’est pourquoi nous circonscrirons notre analyse aux seuls facteurs relevant de notre domaine d’expertise.

Il suffit par exemple de constater que la crise économique due à la pandémie de COVID a eu pour effet immédiat, notamment dans certains pays d’Afrique, de réduire toutes les dépenses non vitales, à commencer par l’assurance, pour appréhender les limites d’une analyse des seuls aspects stratégiques et techniques.

En revanche, et alors que les besoins de couvertures apparaissent si importants et qu’il existe une offre pouvant les satisfaire, au moins en partie, nous nous interrogeons sur les raisons pour lesquelles l’assurance ne remplit pas les rôles économique, financier et sociétal qu’on lui demande de jouer et pour lequel elle a déjà beaucoup investi ? Quelle est donc la raison de cet échec ?

Les mythes de l’assureur-voleur et de l’assuré-volé

Notre constat d’analystes et d’observateurs du secteur tient d’abord en un mot : la défiance.
Cette défiance n’est d’ailleurs pas propre à l’Afrique, il suffit pour s’en convaincre de consulter, les débats qui ont animé les acteurs politiques, économiques, sociologiques ou philosophiques de nombreux pays autour des impacts de la crise de la COVID 19.

L’assurance est systématiquement pointée du doigt, et ses mécanismes fondamentaux méconnus, du simple particulier aux plus hautes instances des États. Le mythe de « l’assureur-voleur » est bien ancré partout en assurance indemnitaire, et plus particulièrement dans les branches de dommages. Puisque le risque ne s’est pas réalisé, la prime a été « confisquée » et quand un sinistre survient, la couverture (pour laquelle l’assuré a pourtant payé) n’est jamais suffisante (nous excluons ici les pratiques d’un autre temps pendant lequel des compagnies d’assurance, souvent détenues par quelques riches familles, confondaient primes et résultats, avec des conséquences multiples, notamment sur les cadences de règlement de sinistres qui s’étiraient sur plusieurs années même pour des sinistres simples).

En France par exemple, la profession a dû faire face en 2020 à de nombreuses actions médiatiques attaquant le secteur sur ses positions en matière d’indemnisation dans le contexte COVID. La Fédération Française de l’Assurance a dû déployer des trésors de pédagogie pour expliquer aux assurés – mais aussi aux pouvoirs publics – que le rôle fondamental de l’assureur était de gérer la mutualisation des risques, et non d’assurer les impacts d’une crise systémique. La nouvelle « base line » de la fédération est d’ailleurs dorénavant parfaitement ancrée dans ce nouveau défi de communication : « mobiliser les énergies de l’assurance pour faire avancer la société en confiance ».

 

«  Comment mobiliser les énergies et potentiels importants de l’assurance africaine pour faire avancer les différents marchés de l’assurance en confiance ? »

 

Pour restaurer une confiance dans l’assurance en Afrique plus qu’ailleurs encore, il convient de s’attaquer aux mythes de « l’assureur-voleur et de l’assuré-volé ».

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