Pour anticiper ces événements et calibrer au mieux les risques prévoyance, les actuaires peuvent s’appuyer des outils statistiques sur-mesure : les tables d’expérience.
Mais comment les bâtir ? Avec quelles données ? Et surtout, pourquoi les faire certifier ?
A l’occasion d’un podcast réalisé avec l’Institut des Actuaires, notre experte Sandra Urgesi, actuaire habilitée à certifier les tables de mortalité et les lois de maintien en incapacité de travail et en invalidité, a répondu à toutes ces questions.
A travers cet article, nous vous proposons de vous faire un résumé de cet échange. Et vous retrouverez en fin d’article, l’accès au podcast.
Les tables en prévoyance : qu’est-ce que c’est ?
- Le risque de décès ou de survie, avec les tables de mortalité
Elles donnent la probabilité qu’une personne décède — ou qu’elle survive — à un âge donné. Certaines tables sont dites « par génération », c’est-à-dire qu’elles dépendent de l’année de naissance, pour tenir compte des progrès médicaux et sociaux. - Le risque d’arrêt de travail, avec les tables de maintien en incapacité, de maintien en invalidité et de passage en invalidité
Elles indiquent la probabilité qu’un assuré, déjà en arrêt pour des raisons de santé, le reste en fonction de son âge et de la durée de son arrêt.
Les tables réglementaires ou d’expérience : quelle différence ?
La réglementation permet également à un organisme assureur de pouvoir utiliser ses propres tables d’expérience, à condition qu’elles soient certifiées par un actuaire habilité à cet effet.
Les tables d’expérience sont construites à partir des données propres de l’organisme assureur et décrivent la mortalité ou les arrêts de travail tels qu’ils s’observent dans cette population.
Tables d’expérience : en quoi sont-elles stratégiques ?
- Des tarifs plus justes
- Des engagements futurs envers ses assurés mieux calibrés
- Une meilleure visibilité à long terme
Une table d’expérience permet d’étudier l’évolution dans le temps de la mortalité ou de l’arrêt de travail et donc d’anticiper au plus juste les coûts futurs. C’est un outil de calcul actuariel mais également un instrument de pilotage du risque, de la rentabilité et de la solidité financière de l’assureur.
De plus, dans le cadre de la norme Solvabilité II, d’accords de branche ou de grands comptes, les tables d’expérience ont pris une place encore plus importante.
Tables d’expérience : Comment la construire ?
Etape 1 : La collecte des données
Il est à noter que les informations sur les décès, les assurés, les arrêts de travail sont extraits et retraités de manière anonyme afin d’aboutir à une base de données fiable et exploitable.
Cette étape, à la fois exigeante et essentielle, et aussi la plus longue, consiste à comprendre comment les informations sont gérées et utilisées par l’organisme assureur, que ce soit les informations sur les assurés, que celles sur les prestations, ou le calcul des provisions.
Etape 2 : La construction
Pour cela, plusieurs méthodes peuvent être utilisées : des approches statistiques classiques comme Kaplan-Meier, des modèles de positionnement comme la méthode de Cox, ou encore des méthodes de lissage ou de fermeture de table pour traiter les âges extrêmes.

